Mesures et valorisations sous l'ancien régime

Elles variaient en nom et valeur d’une province à l’autre, et au sein de chaque province, en fonction des différentes entités administratives ou seigneuriales. Les variations pouvaient être également dues aux conséquences de l’histoire ou de la géographie et les mesures pouvaient changer d’une paroisse à l’autre. Il y avait, ainsi, autour de chez nous des mesures de Saint-Geniez, de Campagnac, de Millau qui différaient entre elles… Les mesures ont pu également varier dans le temps entre le Moyen-Âge et la Révolution (période d’uniformisation). Certaines équivalences avec notre système métrique mis en place par la Révolution et l’Empire, sont connues, d’autres moins ou pas.

Le vocabulaire

Quand il s'agit d'évaluer la superficie de champs et des prés, on parle de mesures agraires. Plus qu'une surface, c'est d'une capacité à produire qu'il s'agit.

Le boisseau, unité de base utilisée sous l’Ancien Régime pour les champs, peut connaître des variations importantes suivant la qualité du blé ou des céréales cultivées. Il existait un boisseau mesure de Saint-Laurent cité dans le compoix comme unité de mesure des terres labourables ; malheureusement, nous n’en connaissons pas la capacité, la mesure n’ayant pas été conservée. Pour les prés, la mesure est liée au temps de travail nécessaire pour mettre en valeur. On évaluait donc en journée, c’est à dire la surface qui pouvait être travaillée en un jour ; celle-ci variait selon la topographie des lieux et la nature du sol. Dans le Rouergue, on considère qu’elle pouvait aller de 3000 à 4000 m2, mais il semble que la journée dans notre compoix soit nettement inférieure.

Les unités de mesure

  • le boisseau, boissel, s.m. ; mesure de capacité de matières sèches (en grains)
  • la canne, cane, canna, s. f. ; mesure de longueur, de surface et de contenu. Une canne mesurait entre 1,71 et 2,98 mètre suivant les régions. En 1687 l’utilisation de la canne comme mesure a été interdite par la loi pour être remplacée partout par l’aune, mais ni cette loi ni l’introduction du système métrique ne l’ont fait disparaître des parlers locaux. Etymologie: latin canna ‘roseau’, en provençal cano, ancien occitan cana. L’utilisation d’un roseau pour mesurer des longueurs de terrain, de tissu etc. était inconnue des Romains, mais elle doit être très ancienne surtout dans le Midi et en Italie. La première attestation se trouve chez Nipsus (ou Nypsus), un théoricien de l’arpentage au 2e siècle (Wikipedia).
  • la cesterée, sétérée, s. f. ; mesure agraire. De sétier, d’où surface que l’on peut ensemencer avec un sétier de grains. Le sétier, du latin sextarius, est une ancienne mesure de grains ou de liquides qui différait selon les espèces et les terroirs. On trouve aussi dans notre compoix l’écriture cesteirade.
  • la dextre, destre, s. f. ; mesure de longueur et de surface ; valeur variable. Etymologie : latin dextans « les 5/6e de l’unité ». Le -r- a été inséré sous l’influence de la famille de mots dexter « droit ». Au moyen âge, les notions d’arpentage et de « droit » au sens justice étaient étroitement liées.
  • la journée, s.f. ; mesure agraire ; journée d’homme à faucher ; très variable selon les terroirs
  • le pan, s. m. ; « mesure de longueur ou, plus rarement, de surface (attestation de 1625) », forme abrégée typique pour l’occitan d’empan. L’origine du mot est l’ancien francique *spanna c’est-à-dire la distance entre les extrémités du pouce et du petit doigt dans leur plus grand écart, soit à peu près 25 cm...
Les étymologies sont, pour l’essentiel, reprises de http://www.etymologie-occitane.fr, remarquable site sur le vocabulaire occitan