Le pays de Saint-Laurent au 17e siècle

Les éléments d’histoire

Saint-Laurent dépendait encore en 1665 de la baronnie de Canilhac. Celle-ci était une des grandes baronnies du Gévaudan, dont le territoire s’étendait de l’Aubrac jusqu’aux Causses de Sauveterre, en englobant en Rouergue, notre terroir. Les Canilhac possédaient le château de Saint-Laurent (l’actuel I.M.E.). Au 17e siècle, c’est la famille de Beaufort-Montboissier, après celle des Beaufort, qui détient le marquisat de Canilhac. Dans notre compoix, le seigneur, Charles Timoléon de Beaufort-Montboissier, est indiqué comme « seigneur marquis ». Il est représenté localement par un docteur en droit, Charles Préget, dit viguier au marquisat de Canilhac.

Il existait également à Saint-Laurent un procureur d’office, messire Guillaume Préget. Une autre Saint-Laurentais, Messire Jean de Régis, docteur (sous entendu en droit) et avocat, portait le titre de lieutenant en la judicature de la Roque Valzergues (une des quatre châtellenies du Rouergue, mais déjà bien ruinée à cette période) et de Saint-Geniez. Dans les registres paroissiaux, on rencontre encore en 1669 un François de Saunnac, gouverneur du marquisat de Canilhac, résidant au château de la ville de Saint-Laurent.

Le Collège de Saint-Laurent — Le collégiat de Saint-Laurent-d’Olt a été fondé par Charles de Beaufort, comte d’Alès et marquis de Saint-Laurent-d’Olt, avec la permission de l’évêque nommé Charles de Tournon le 12 août 1504. Il se composait de six prêtres et d’un doyen. Dans le compoix seul est cité messire Jean Nurigat, « prêtre et chanoine du vénérable collège de Saint-Laurent », également chapelain de la chapelle Notre-Dame de l’église. Le sieur Jean Pamier (ou Palmier) est simplement indiqué prêtre et prieur de Saint-Laurent.

Les quatre paroisses

La commune de Saint-Laurent telle que nous la connaissons aujourd’hui regroupe quatre paroisses de l’Ancien Régime : Saint-Laurent, Bonneterre, Estables et Canet d’Olt, bien en évidence sur le premier plan cadastral de 1820. Le compoix de 1665 traite des trois paroisses de Saint-Laurent, Bonneterre et Estables ; nous avons photographié l’ensemble du document. La paroisse de Canet d’Olt avait un compoix distinct conservé aux archives (sans date) et qui pourra faire l’objet d’études ultérieures. Pour Estables et Bonneterre, le compoix comprend « le village et paroisse » de Bonneterre avec les lieux et terroirs de La Narsse (La Naxe), La Vigne, Canselves (Campselves), « les villages du lieu et paroisse d’Estables incluant Gachous et la Vercuéjols (aussi Bercuéjols), plus les villages et terroirs de La Ginestière et La Bourgade ». Pour Saint-Laurent, aucun village n’est traité. On trouve également cités dans le compoix le Mas des Quarante, le Mas del Bousquet, le Mas haut, le Mas Bas, Malagratte, Ajas et Lalo.

Nous avons jusqu’ici déchiffré et traité le bourg de Saint-Laurent jusqu’à la mise sur plan pour restitution de la physionomie de la ville. Les travaux présentés portent donc exclusivement sur celle-ci. Le déchiffrement d’Estables a également été réalisé par un adhérent ; il est disponible sur demande.

Saint-Laurent en 1665

En 1665, comme l’indique le compoix, la ville et paroisse de Saint-Laurent et une partie des paroisses de Bonneterre et d’Estables dépendent des seigneurs marquis de Canillac et de Recoules (une des grandes seigneuries du Gévaudan), ainsi que du prieur d’Estables et du seigneur dom d’Aubrac (donc de l’abbaye). Une description du terroir, mise en tête du compoix, sûrement fournie par les habitants, dépeint le pays sous un jour peu favorable ; elle est à l’évidence destinée à minorer la valeur des terres évaluées, donc l’impôt :

« et en tout fait remarquer que les montaignes [montagnes] dudit Aubrac ... (Lire la suite) »